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Carte

Á Alexis et Marie-Françoise LAFONT
qui dorment là-bas à Courbet.
Á tous ceux qui ont fait les racines de ma vie.
Jean Pascal HESSE

Introduction et Sommaire


Tracer son itinéraire, tel est le premier devoir de l’historien .  Pour que le voyage dans l’histoire soit en même temps utile et agréable, il faut qu’il ait été étudié .  Avant de l’entreprendre, on doit simplement s’y préparer par de bonnes lectures et des heures de patientes recherches, mais aussi avoir bien déterminé l’emploi de son temps, de manière à en tirer le plus grand profit… C’est la raison pour laquelle le thème choisi pour un mémoire ou une thèse est généralement trop vaste au départ et qu’au fur et à mesure de l’approfondissement du travail, on est amené à le rendre plus étroit, plus précis, voire même à lui donner une orientation différente . 


Ce mémoire sur Courbet n’a pas échappé à la règle, faute d’être nourri par une documentation locale ou tout au moins accessible, le choix du sujet s’est porté comme nous le verrons, vers un objet plus limité dans l’espace et dans le temps… Toutefois l’intérêt du choix du sujet était trop fort pour en changer, quitte à infléchir son orientation, mieux valait tout de même le maintenir et s’y tenir . 

Si nous avons choisi ce sujet, c’est avant tout pour rendre hommage à tous ceux qui éprouvent le sentiment que ressent tout exilé de sa province natale, quand il se remémore ses premières joies, ses premiers chagrins, le déroulement de son enfance dans un cadre familier et lorsque l’abandon de la terre où il apprit le souffle tend les liens qui s’y rattachent sans les briser . 

Ce mémoire est aussi à la gloire des colons qui ont conquis ce sol si fécond et d’un sang généreux… il appartient à ces pionniers qui ont tant travaillé .  Au-delà des divergences et des querelles idéologiques qui ont souvent dénaturé le vrai problème algérien, faire connaître ce que furent les conditions de vie des créateurs de ces villages, c’est rendre justice à leur mémoire et aussi à leurs courageux descendants . 

Cependant, avant de s’intéresser à l’histoire de ces gens, nous croyons aussi utile de rappeler de façon très succincte, les faits essentiels et les principales époques de la colonisation en Algérie .  La France, on le sait, ne songeait nullement à conquérir l’Algérie .  Si elle avait su, si on lui avait prédit que l’expédition d’Alger de 1830 devait la conduire à l’occupation totale du pays, nul doute qu’elle y eut renoncé .  Son seul but en effet, était de mettre fin aux ravages et à l’insolence des corsaires Turcs dont Alger était le repaire et l’Algérie la proie permanente .  La France ne s’était pas posée la question de savoir ce qu’il adviendrait en cas d’occupation définitive du territoire .  Or, pour garder cet important cadeau du destin, il fallait occuper, c’est-à-dire, occuper totalement ou évacuer .  Après de nombreuses tergiversations, la France décida d’occuper d’abord à titre précaire puis à titre définitif . 

Ainsi après une colonisation d’occupation, œuvre heureuse de la monarchie de Juillet, après la colonisation économique où se cantonna l’Empire, vint la phase moderne où l’œuvre de la colonisation à partir de 1871 fut celle du peuplement national . 

La colonisation de la IIIème République qui a tiré de causes extérieures à elle-même -avec l’arrivée des Alsaciens – Lorrains, les possibilités de son essor et l’orientation nouvelle de son esprit, ne sera plus en effet, à compter de cette époque, cosmopolite .  L’esprit public jusqu’ici préoccupé surtout de la mise en valeur du sol, prit clairement conscience alors de l’avenir de la race qui devait garder le dépôt des destinées de la France…

Ce mémoire aussi modeste soit son ambition devrait donc contribuer à mieux faire connaître les commencements de ces héros sur une terre en friche .  La commune de Courbet a été l’une de ces communes d’Algérie où ces hommes animés de la ténacité et de cette foi qui les caractérisaient ont montré toute leur énergie à construire de leurs mains calleuses et de leur volonté rigide, un centre de colonisation, puis un village .  L’étude de cette petite commune de la plaine de l’Isser –occupée et organisée après le séquestre des terres de 1871 – nous amènera à examiner les étapes de la vie d’une collectivité depuis le tirage au sort des emplacements à bâtir jusqu’à sa reconnaissance de commune de plein exercice .  Á travers l’exemple d’une famille dont l’œuvre de conquête s’est doublée d’une œuvre de vie, nous verrons se dessiner avec la vie chacun et dans chaque œuvre particulière, l’œuvre générale qui seule est connue .  De la création du centre à son extension, nous conterons à travers les angoisses, les espoirs puis les triomphes de ces hommes, toute la difficulté d’une communauté à s’installer et à s’organiser . 

Les combats de cette communauté contre la nature pour la mise en valeur des terres, la recherche du progrès et du bien être posent donc le problème du succès de l’établissement des Français en Algérie  .  Le mérite de ce mémoire sera d’y montrer les étapes et ses caractéristiques propres . 
Nous signalerons enfin pour terminer, combien la tâche est difficile pour celui qui aimerait avoir la démarche d’un historien, de se pencher sur le passé de l’Algérie Française, puisque les principales sources officielles comme les archives de gestion (documents relatifs à la vie courante des Français : listes électorales, recensements de population, documents fiscaux, minutes notariales, archives judiciaires, de l’enseignements …) sont restées sur place et demeurent inaccessibles ou presque aux chercheurs français . 


Sommaire

Chapitre I – Le destin d’une famille

  • Origines de la famille LAFONT
  • L’arrivée en Algérie
  • L’itinéraire en Algérie

Chapitre II – Les Issers : une plaine tardivement livrée à la colonisation

  • Étude générale de la plaine
  • Description des territoires communaux
  • Observations géologiques,hydrographiques et climatiques

Chapitre III –Le centre de colonisation de Zemouri (novembre 1873 à août 1875)

  • L’enquête préliminaire
  • Le peuplement de la colonie
  • La naissance du centre

Chapitre IV – La colonie de Zemouri annexe de la commune de Bled–Guitoun (août 1875 à avril 1886 )

  • L’évolution du centre de colonisation
  • Les combats de la communauté
  • Le travail des hommes

Chapitre V – Le village de Courbet (1886 – 1914)

  • L’administration et les services
  • Une commune rurale
  • Un village en voie de développement
  • Épilogue et conclusion

Yves BANDET, Mise en page le 6 février 2009